Le 15 Avril 2025 dans le secteur de Runda, le district de Kamonyi a organisé une cérémonie de commémoration des victimes du génocide perpétré contre les Tutsi, en hommage particulier à celles jetées dans la rivière Nyabarongo le 15 Avril 1994, date marquant le début des massacres de masse dans cette région.
La 31e commémoration a réuni des habitants du secteur de Runda, des familles de survivants, des dirigeants d’institutions, des parlementaires rwandais et d’autres personnalités. Une marche du souvenir a conduit les participants jusqu’à la Nyabarongo, où des fleurs ont été déposées en mémoire des victimes précipitées dans ses eaux pendant le génocide.
Cette date symbolise le début des tueries à grande échelle dans l’ancienne commune de Runda. À l’époque, des milliers de Tutsi ayant cherché refuge dans l’église paroissiale catholique de Gihara en avaient été extraits pour être jetés dans la rivière – certains déjà morts, d’autres encore en vie.
Selon le Maire du District de Kamonyi, le Dr Sylvere Nahayo, outre les habitants de Runda, de nombreux Tutsi fuyant les violences ont également été interceptés à des barrages routiers près de la rivière avant d’y être précipités.
Innocent Nshogoza, survivant de Runda et président d’Ibuka, a expliqué que les massacres avaient débuté dans l’actuel Secteur de Rugalika, poussant les habitants à se réfugier à l’église de Gihara. Mais cette tentative de salut a tourné au cauchemar.
Une fois les personnes rassemblées, des soldats venus de Kigali sont arrivés vers 6 heures du matin le 15 Avril 1994, ont forcé les portes de l’église à coups de feu et commencé à tuer. Les morts et les blessés ont été chargés dans des véhicules pour être emmenés à la Nyabarongo. Ceux qui respiraient encore étaient ligotés avec des pagnes de femmes avant d’être jetés à l’eau. Si quelqu’un parvenait à remonter, les Interahamwe le frappaient avec des bâtons ou des pierres », a-t-il raconté.
«Après le massacre à l’église, les assassins sont retournés dans les maisons pour tuer ceux qui n’avaient pas fui, en les livrant à l’administrateur de la commune, Sixbert Ndayambaje, qui les remettait aux Interahamwe. »
Le sénateur Alexis Mugisha, présent à la commémoration, a évoqué l’ampleur des tueries. Lui-même témoin des camions transportant les corps vers la Nyabarongo, il a décrit une image qui le hante encore : « Des femmes, des filles, des hommes âgés, des jeunes et des enfants, assis nus au bord de l’eau, battus par les Interahamwe avant d’y être jetés. »
Insistant sur la détermination nationale à ce que le génocide contre les Tutsi « ne se répète jamais », il a appelé les Rwandais à perpétuer le devoir de mémoire : « Personne ne peut nous refuser ce droit. Même les génocidaires se souviennent de leurs actes et des conséquences d’avoir suivi des ordres inhumains. La mémoire est notre responsabilité collective. Ceux qui la rejettent se trompent lourdement. »
Le sénateur s’est aussi inquiété de parents enseignant l’idéologie génocidaire à leurs enfants, alimentant des discours haineux.
À ce jour, Ibuka n’a pas encore communiqué le nombre total de Tutsi jetés dans la Nyabarongo dans ce Secteur, les recherches se poursuivant pour recenser les victimes dispersées le long du cours d’eau.Le Secrétaire Exécutif de Runda, Egide Ndayisaba, allume la lumière de l’espoir.