Le Rwanda, souvent surnommé le « Pays des Mille Collines », est un petit pays d’Afrique de l’Est réputé pour ses paysages verdoyants et sa productivité agricole. Cependant, avec l’intensification du changement climatique, les femmes qui dépendent de l’agriculture pour leur subsistance font face à des défis sans précédent.
Dans un pays où plus de 70 % de la population dépend de l’agriculture, les effets du changement climatique sont particulièrement durs pour les femmes, qui sont à la fois les principales productrices de nourriture et des actrices économiques clés du secteur agricole.
La pression des conditions météorologiques imprévisibles:
Au Rwanda, le changement climatique se manifeste par des précipitations irrégulières, des sécheresses prolongées et des conditions météorologiques imprévisibles. Les agricultrices, en particulier celles qui pratiquent une agriculture à petite échelle ou des activités agroalimentaires, peinent à s’adapter. Leurs témoignages reflètent le défi national plus large d’équilibrer sécurité alimentaire, génération de revenus et résilience climatique.
Parmi ces récits, celui de Louise Nyirarukundo, une petite agricultrice du nord du Rwanda, est emblématique. *« Les saisons ne sont plus prévisibles »*, explique-t-elle, les mains tachées de terre alors qu’elle récolte. *« Avant, nous plantions des haricots en octobre, mais maintenant nous ne savons plus quand les semer, car les pluies arrivent en retard ou parfois n’arrivent pas du tout. »
La perturbation des saisons de plantation, combinée à des précipitations irrégulières, a entraîné une baisse des rendements agricoles, menaçant la sécurité alimentaire et les revenus de nombreuses femmes en milieu rural.
L’impact économique sur les femmes entrepreneures:
Pour de nombreuses femmes, l’agriculture n’est pas seulement une source de nourriture, mais aussi un moyen d’autonomisation économique. Grâce aux activités agroalimentaires, les femmes rwandaises peuvent subvenir aux besoins de leur famille et accéder à l’éducation et aux soins de santé. Cependant, avec les mauvaises récoltes et la diminution des rendements causées par le changement climatique, cette autonomie économique est menacée.
Nyiramajyambere, qui dirige une petite entreprise de maraîchage dans la Province de l’Est, explique cette pression économique : *« Avant, je pouvais vendre ma récolte sur les marchés locaux et gagner assez pour scolariser mes enfants. Mais l’année dernière, ma récolte a été réduite de moitié à cause de la sécheresse. Je n’ai même pas pu couvrir mes dépenses de base. »
Cette perturbation économique est aggravée par la hausse des coûts des intrants agricoles comme les semences, les engrais et les systèmes d’irrigation, que beaucoup de femmes ne peuvent pas se permettre sans soutien extérieur.
Stratégies d’adaptation et résilience:
Malgré les difficultés, les femmes du Rwanda font preuve d’une remarquable résilience en adoptant diverses stratégies pour faire face au changement climatique. Certaines diversifient leurs cultures en incluant des variétés résistantes à la sécheresse, tandis que d’autres investissent dans des techniques de collecte d’eau de pluie pour garantir l’approvisionnement en eau pendant les périodes sèches.
Zaninka, une agricultrice de la Province de l’Ouest, raconte comment elle s’est adaptée : « J’ai commencé à cultiver plus de manioc et de patates douces, car ils nécessitent moins d’eau. J’ai aussi construit un système de récupération d’eau de pluie pour irriguer mes champs quand les pluies tardent. »
Ces stratégies d’adaptation sont essentielles pour aider les femmes à maintenir leurs moyens de subsistance, mais elles nécessitent également un accès à la formation, aux ressources et aux réseaux de soutien, dont beaucoup de femmes manquent encore.
Le rôle de la technologie et de l’innovation :
La technologie et l’innovation peuvent aider les femmes à surmonter certains obstacles posés par le changement climatique. Au Rwanda, des initiatives comme l’Agri-Tech Hub et les programmes d’Agriculture Intelligente face au Climat (AIC) fournissent aux femmes les connaissances et les outils nécessaires pour renforcer leur résilience face aux chocs climatiques. Des formations sur les techniques agricoles résilientes, l’accès à des systèmes d’alerte précoce pour les phénomènes météorologiques extrêmes et des services de conseil agricole par téléphone portable font déjà une différence.
Mukazitoni Beata, membre d’une coopérative féminine dans la Province du Sud, attribue à la technologie une partie de sa capacité d’adaptation : *« Nous recevons maintenant des prévisions météo sur nos téléphones. Cela nous aide à décider quand planter ou quand protéger nos cultures des fortes pluies. Nous utilisons aussi de meilleures semences, ce qui nous aide à faire face à la sécheresse. »*
Cependant, malgré son potentiel, l’adoption généralisée de ces technologies parmi les femmes rurales se heurte encore à des obstacles comme l’accès limité aux smartphones, à internet et aux ressources financières.
Impacts genrés et nécessité de politiques adaptées:
Si le changement climatique affecte tout le monde, son impact sur les femmes est souvent plus prononcé en raison des inégalités de genre persistantes. Les femmes ont généralement moins accès à la terre, au capital et au pouvoir décisionnel, ce qui rend leur adaptation plus difficile. De plus, elles sont souvent exclues des dialogues sur les politiques climatiques, alors qu’elles jouent un rôle clé dans la production agricole.
Alice Mukamisha, une militante pour les droits des femmes, souligne l’importance de politiques climatiques sensibles au genre : *« Les femmes doivent faire partie de la solution. Nous avons besoin de plus de représentation dans les processus décisionnels et d’un meilleur accès aux ressources pour nous aider à nous adapter au changement climatique. »*