27 mai 2025 – L’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a effectué une visite à la base militaire et idéologique de l’AFC/M23 à Rumangabo, dans le territoire de Rutshuru. Cette visite intervient peu après son retour d’exil en Afrique du Sud, marquant un nouveau chapitre dans la crise politique qui secoue le pays .
Une visite stratégique
Selon des sources proches de Kabila citées par le média congolais *7sur7*, cette visite avait pour but d’évaluer les conditions d’entraînement des combattants congolais ayant rejoint la “révolution” de l’AFC/M23. Un proche de l’ancien président a déclaré :
“En tant que militaire formé, Joseph Kabila a toutes les compétences nécessaires pour apporter une nouvelle dynamique à cette opposition armée. Il n’est pas obligé de rejoindre formellement le mouvement pour contribuer à sortir le pays de la crise actuelle.”
Cette démarche s’inscrit dans un engagement plus large, incluant des rencontres avec la branche armée du mouvement rebelle pour discuter de la situation actuelle et des perspectives politiques, en lien avec le plan en douze points proposé par Kabila pour résoudre la crise nationale .
Un retour qui divise
L’AFC/M23, qui contrôle désormais des zones clés du Nord-Kivu, dont Goma, a confirmé l’arrivée de Kabila le 26 mai, après deux ans d’absence. Corneille Nangaa, coordinateur du mouvement, a salué son retour, le qualifiant de *”grande figure politique”* et affirmant qu’il avait fait *”le bon choix en quittant l’exil forcé” .Cependant, ce retour alimente les tensions avec le gouvernement de Félix Tshisekedi, qui accuse Kabila de soutenir l’insurrection. Le ministère de la Justice a déjà engagé des poursuites contre lui et ordonné la saisie de ses biens, tandis que le Sénat a levé son immunité le 22 mai, ouvrant la voie à des accusations de trahison .
Un discours incendiaire contre Tshisekedi
Peu avant son retour, Kabila avait vivement critiqué le gouvernement dans un discours de 45 minutes, dénonçant *”le populisme, les mensonges, le tribalisme, le népotisme et l’impunité”* qui, selon lui, ont affaibli l’unité nationale et laissé le pays vulnérable .
Une crise politique qui s’aggrave
Cette visite à Rumangabo, ancienne base des FARDC maintenant sous contrôle rebelle, symbolise l’escalade des tensions. Alors que des pourparlers de paix sont en cours sous médiation qatarie, l’AFC/M23 accuse Kinshasa de manquer de volonté pour résoudre le conflit
Perspectives :
– **Risque de fragmentation politique** : Kabila, bien que ne s’étant pas officiellement rallié à l’AFC/M23, pourrait devenir une figure centrale de l’opposition armée, exacerbant les divisions .
– Impact sur les négociations de paix : Son implication pourrait compliquer les efforts de médiation, déjà fragilisés par les accusations mutuelles entre Kinshasa et les rebelles .
– **Réactions internationales** : Les partenaires régionaux et occidentaux, dont les États-Unis, suivent de près cette évolution, craignant une déstabilisation accrue de la RDC .En somme, le retour de Kabila et son rapprochement avec l’AFC/M23 marquent un tournant dangereux dans la crise congolaise, où les luttes politiques se mêlent désormais à un conflit armé aux ramifications régionales complexes.