Le Centre Biomédical du Rwanda (Rwanda Biomedical Centre – RBC) a annoncé que le gouvernement rwandais commencera à utiliser de nouveaux médicaments pour combattre le paludisme, suite à une augmentation récente notable des cas dans diverses régions du pays.
Le RBC a indiqué que la raison de l’introduction de ces nouveaux médicaments est que le traitement précédemment utilisé ne contrôlait plus efficacement le paludisme, la maladie ayant développé une résistance à celui-ci.
Les nouveaux médicaments qui seront déployés sont la **dihydroartémisinine-pipéraquine (DHAP)** et l’**artésunate-pyronaridine (ASPY)**, tous deux approuvés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour le traitement du paludisme non compliqué chez les enfants et les adultes.
Le Dr Aimable Mbituyumuremyi, chef de la Division Paludisme au RBC, a déclaré au journal *The New Times* que l’ancien médicament de première intention, le Coartem, s’était avéré moins efficace contre le paludisme au Rwanda et dans d’autres pays.
Il a mentionné que le premier lot des nouveaux médicaments est arrivé au Rwanda la semaine dernière et sera disponible dans tous les hôpitaux. Cependant, leur utilisation se fera sur prescription médicale lorsque les patients qui en ont besoin seront identifiés.
« Il est prévu que nous commencions à distribuer ces médicaments à partir de demain [lundi 6 janvier 2025] afin que les médecins puissent les utiliser pour traiter les patients qui ne répondent pas au traitement de première intention », a-t-il déclaré.
Le Dr Mbituyumuremyi a expliqué que la réduction de l’efficacité de l’ancien médicament était due à plusieurs facteurs : son utilisation prolongée sans remplacement, le non-respect des posologies prescrites et le développement d’une résistance du parasite du paludisme à celui-ci.
Il a précisé que le plan à long terme pour une transition complète vers les nouveaux médicaments commencera en avril 2025. Jusqu’à cette date, les nouveaux médicaments et l’ancien Coartem seront utilisés conjointement.
Pour garantir une utilisation correcte des nouveaux médicaments, le RBC révise actuellement les directives de traitement du paludisme et forme tout le personnel des établissements de santé ainsi que les agents de santé communautaires. La prochaine étape consiste à former le personnel des centres de santé et les agents de santé communautaires.
Les chiffres du Ministère de la Santé montrent qu’entre 2016/2017 et 2023/2024, les cas de paludisme ont diminué de 90%, passant de 4,8 millions de cas à 620 000. Les décès liés au paludisme sont également tombés de 650 à 67 pendant la même période.
Cependant, entre janvier et octobre 2024, les cas de paludisme ont augmenté de 45,8% par rapport à la même période l’année précédente, passant de 432 000 à 630 000 cas.
Cette recrudescence est attribuée à :
1. Le développement d’une résistance des parasites du paludisme à l’ancien médicament.
2. Une mise en œuvre inadéquate des mesures de prévention du paludisme.
3. Des changements dans le comportement des moustiques (piquant les personnes à l’extérieur plutôt qu’à l’intérieur).
4. Un risque d’exposition accru pour les personnes passant beaucoup de temps à l’extérieur.
5. Un contrôle insuffisant des sites de reproduction des moustiques dans les rizières, les zones minières et les chantiers de construction.
6. La transmission transfrontalière du paludisme, observée dans des zones comme Nyagatare, Gisagara et Bugesera.
En plus des nouveaux médicaments, le Rwanda met en œuvre d’autres projets de lutte contre le paludisme, notamment la pulvérisation intradomiciliaire à effet rémanent (IRS) dans les districts à forte charge palustre : Nyagatare, Kirehe, Ngoma, Nyanza, Gisagara, Kamonyi, Bugesera, Rwamagana et Kayonza.